JOUR 2
La faute à un réveil tardif, j’arrive seulement pour la fin du set de Guilam. Un ami lève tôt ne m’en dit que du bien, je viens apparemment de rater un set d’ambiant de qualité.
La journée débute, le ciel est dégagé, le soleil puissant. L’ambiance dégagée par le début du live de Cyspe au milieu des arbres et des montagnes est plus que prometteuse. Armé d’un watermelon espagnol et d’un muffin, j’apprécie tout particulièrement la prestation du Néerlandais. De la techno comme on en entend que bien trop peu à Paris : lente, méditative et brumeuse, parfaitement construite et exécutée.
Je profite de la performance d’A.P. pour entamer une petite ballade montagnarde qui se prolongera jusqu’au début du live d’Arovane. Après une intro breakée muy caliente, j’avoue m’être un peu fait chier. Sa première heure de live entre IDM et expé ne collait pas. Sa deuxième heure de live fut tout autre ; dub-techno très classe, plus à mon goût.
Je ne l’ai d’ailleurs pas évoqué, mais l’atmosphère de cette deuxième journée est assez unique. Tous les visages croisés la veille m’apparaissent déjà familiers, et l’impression d’être à mi-chemin entre un festival et une fête entre amis particulièrement réussie se confirme. Tous le monde semble dans un très bon état d’esprit, les barmans et bénévoles sourient. Malheureusement une impression de déjà-vu s’installe lorsque Jamie MacCue s’installe derrière les platines : le vent se lève, des nuages arrivent. À Terraforma en Juillet dernier (festival que je conseille à tous, à quelques kilomètres de Milan), ces quelques nuages s’étaient transformés en tempête qui avaient contraint le festival à s’arrêter pendant plusieurs heures. Avec une amie, nous décidons d’en profiter pour remonter au tipi chercher des victuailles. Nous n’en redescendrons malheureusement pas ; l’orage qui couvait explose, et force Jamie McCue à arrêter de jouer seulement une vingtaine de minutes après avoir débuté. Pensée particulièrement émue pour lui, sachant qu’il s’agissait de son premier gig et voyage en Europe.
Après quelques heures étonnamment très gaies passées dans notre tipi, la tempête se calme ; nous redescendons dans la clairière, en espérant très fort que le matériel n’a pas été endommagé. Fort heureusement après une heure d’attente, la musique reprend dans une ambiance complètement hors du temps. La scène est magnifique ; la brume s’est emparée de toute la colline, on ne voit pas grand chose à plus de vingt mètres.
Difficile de proposer un contexte plus parfait à mon guru Abdulla Rashim, qui, stoïque comme à son habitude, débute son set. Il aura objectivement réalisé une très bonne performance, mais j’aurais apprécié qu’il s’adapte un peu plus au contexte. Trop de sonorités noise/modulaires un peu trop métalliques à mon goût, pas assez de nappes brumeuses suédoises.
Shifted était sûrement le seul artiste qui ne m’inspirait pas confiance sur le line up. Au final, c’est souvent quand les espérances sont basses qu’on en ressort agréablement surpris. Bien qu’un peu trop agressif par moment, sa techno sombre et glaciale a eu le mérite de réveiller tout le monde. Une vingtaine de minutes avant la fin de son set je me suis accordé une petite pause, en prévision du début du set du roi Peter.
Pour être tout à fait honnête, ça fait 5 minutes que j’essaye de trouver les mots devant mon écran d’ordinateur pour décrire ce que l’on s’est pris dans la tête pendant ces 3 heures. De la première seconde à la dernière, tout ne fut que perfection. Aucune erreur et un choix de morceaux plus que parfait. Le genre de set où quand tu te dis « tiens ça serait pas mal qu’il parte par là », soit il te suit, soit il prend une autre direction, meilleure que celle que tu aurais aimé qu’il prenne. En comparaison à son set au Labyrinth 2015, déjà exceptionnel, c’était encore au-dessus. Après ce voyage cosmique si intense, je suis parti m’effondrer dans mon tipi.